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Coupe du monde de rugby 2023
Le 26/06/2023

Témoin Coupe du Monde de Rugby : Jérémy Benages

Directeur du site de Lille pour le Comité d’organisation de la Coupe du Monde de Rugby France 2023, Jérémy Benages nous partage les coulisses de la Coupe du Monde.

Pouvez-vous présenter votre rôle et vos missions ?

Je suis en charge de l’organisation de la Coupe du Monde de Rugby, de tout ce qui se passe sur la métropole, de toutes les opérations au stade Pierre-Mauroy, l’organisation des matchs, l’organisation des centres d’entraînements, des voyages des équipes, des transports, des hôtels, tout ce qui peut se passer autour de la Coupe du Monde sur le territoire.

Quel sera l’héritage de l’événement sur le territoire ?

L’héritage, c’est avant tout des retombées pour le monde du rugby du territoire, notamment en termes d’infrastructures. Nous sommes ici au stadium, rénové par la Métropole, qui est le lieu de rassemblement du rugby, de la Ligue Hauts-de-France de Rugby, du club Olympique Marcquois Rugby (OMR), du Stade Villeneuvois, deux clubs très importants avec de nombreux licenciés sur la métropole. Je pense aussi à l’Iris à Lille. L’idée sera d’accueillir au mieux les nouveaux licenciés qui vont arriver après la Coupe du Monde.

Comment se prépare-t-on pour cette mission, qui doit ressembler à un vrai marathon ?

L’aventure a commencé réellement en novembre 2017 lorsque la France a été remporté le droit d’organiser la Coupe du Monde de Rugby. J’ai commencé ma mission sur site en décembre 2020, depuis quasiment deux ans et demi : beaucoup de préparations…  Nous accueillerons les équipes, le monde du rugby, de très nombreux médias, et les spectateurs. Ces populations n’ont pas besoin du même niveau de service. Notre rôle est la mise en musique de l’événement. Et si le stade est évidemment le lieu majeur, nous gérons aussi les centres d’entrainements, l’habillage de la métropole, les flux des gares et des aéroports… et la question de l’animation des commerces, des restaurants, des bars…

En résumé, notre rôle est d’organiser la meilleure compétition sportive possible et de maximiser l’impact économique pour le territoire, en faisant en sorte que les spectateurs soient très bien accueillis au stade et qu’ils le soient aussi en ville et sur l’ensemble de la métropole et que les Métropolitains soient informés de l’événement. Ce sont les deux plus grands enjeux.

Troisième enjeu, nous œuvrons pour que les retombées de l’événement profitent au monde du rugby du territoire, contribuent à l’augmentation du nombre de pratiquants, de licenciés et même d’amoureux du rugby.

Surtout dans un territoire qui devient terre de rugby…

C’est une terre qui l’est, avec plus de 10 000 licenciés (chiffre en augmentation de 15 % par rapport à l’année dernière). Côté clubs, le club féminin en élite 1 à Villeneuve d’Ascq a un très bon niveau et fait une très bonne saison. L’OMR approche quant à lui le niveau professionnel, il est en national 2. Ce qui fera la différence ? Un club métropolitain au plus haut niveau, au moins en pro D2. On s’aperçoit effectivement que des événements internationaux (match des Barbarians en novembre, matchs de l’équipe de France de rugby, demi-finales du Top 14…) ont du succès. La récurrence d’événements de haut niveau et la stabilisation d’un club plus professionnel peut contribuer à l’essor de cette terre de rugby.

Quelles sont les retombées économiques attendues ?

250 000 spectateurs sont attendus pour les 5 matchs joués au stade Pierre-Mauroy. Des spectateurs anglais, belges, écossais… seront au rendez-vous. Et des fans sont attendus de partout dans le monde. La durée de leur séjour est évaluée en moyenne à deux à trois jours. L’enjeu ? Faire en sorte que l’événement ait un important rayonnement touristique. Il s’agit d’une compétition longue qui inclut quatre week-ends de compétition, quatre week-ends durant lesquels les spectateurs profitent des bars et des restaurants mais aussi des lieux de culture (La Piscine à Roubaix, le LaM à Villeneuve d’Ascq) …

Ces spectateurs viennent entre amis, en famille, en groupe de 4 à 5 personnes en moyenne et se baladent dans plusieurs villes. Le but est aussi de profiter de la Coupe du Monde pour renforcer l’image de la métropole, terre d’accueil à la fois de grands événements mais aussi de tourisme. Nous y travaillons avec Hello Lille.

La situation géographique de la métropole est-elle un atout ?

Complètement, c’est une grande force pour la métropole. Les précédentes compétitions européennes ou mondiales accueillies ici se sont très bien passées, le réseau d’infrastructures est très développé, les matchs parisiens permettront du tourisme de proximité, car le territoire est très bien desservi en termes de gares (arrivée des Anglais facilitée avec l’Eurostar) et d’aéroports… C’est une vraie force, en complément du stade Pierre-Mauroy.

Le meilleur moyen de profiter des rencontres sur la Métropole, c’est d’aller dans les bars, dans les restaurants, dans les lieux de tourisme. Vous pourriez y rencontrer des visiteurs étrangers et partager des bons moments autour du rugby.

Cette Coupe du Monde sera l’occasion de former des jeunes aux métiers du sport. Pouvez-vous nous parler du programme Campus 2023, qui permet de former des apprentis ?

L’idée était de recruter des apprentis, de les former au milieu du sport et surtout de les mettre à disposition des clubs de rugby sur l’ensemble de la France. Ils sont 1 300 en France et 56 sur la métropole, majoritairement dans des clubs de rugby.

Le projet ? Les apprentis aident les clubs à se structurer sur le plan administratif, juridique et financier. Ils seront ainsi prêts à gérer les nouveaux licenciés qui arriveront après la Coupe du Monde.

Ces jeunes termineront leur mission en intégrant les équipes d’organisation de l’événement : marketing, sponsoring, service aux spectateurs, aux équipes, auprès des médias, sur les camps de base, les centres d’entrainements, accueil des spectateurs... La « team 2023 » rassemble les apprentis et les volontaires.

Des volontaires accompagnent également l’événement…

500 volontaires nous accompagnent pour le site de Lille. 50 % viennent de la métropole et 50 % de la région. Bénévoles et apprentis se sont rassemblés pour la première fois le 3 juin dernier.

Et côté compétition, votre pronostic ?

Notre objectif est de livrer la même qualité de match pour tous. Nous avons 48 matchs à livrer en France. Qu’ils soient à Lille, à Toulouse, à Marseille, à Lyon, il faut qu’ils soient du même niveau, peu importe l’équipe qui joue et l’équipe accueillie.

Après, sur un pronostic sportif, je pense que la dernière année a montré qu’il y avait quatre équipes qui se dégagent, la France, l’Irlande, l’Afrique du Sud et la Nouvelle-Zélande.

Dans quel état d’esprit seriez-vous le 7 septembre, J-1 avant la compétition ?

Nous serons prêts le 7 septembre, mais aussi stressés, car nous voulons que tout se passe bien. Lorsque nous accueillerons 50 000 spectateurs au stade plus 4 000 à 5 000 accrédités, qui travaillent les soirs de matchs (hôtesses, médias, sécurité, service technique…), soit 55 000 personnes à coordonner, nous devrons être prêts. Nous n’avons pas d’enjeux de billetterie, car tous les billets sont vendus.

Le 8 octobre, dernier jour de la compétition sur le territoire ?

Le 8 octobre se déroulera le dernier match de poule de l’ensemble de la compétition, Tonga-Roumanie à Lille. Une partie des équipes basculeront probablement sur l’organisation de la demi-finale et de la finale au Stade de France (Saint-Denis). Pour les équipes du territoire, c’est le démontage. Le stade Pierre-Mauroy a en effet été complètement mis à notre disposition pendant six semaines. Nous disposons de trois jours pour le rendre. Il faut démonter, ranger, enlever tous les aménagements temporaires. Le démontage est une phase très importante, car nous faisons toute la partie état des lieux, nous vérifions si tout s’est bien passé. Le délai est court, il faut aller assez vite. D’autres événements sont prévus au stade dans les jours suivants, comme par exemple le match de football France-Ecosse prévu le 17 octobre prochain.

Un petit mot sur votre marathon personnel en tant que chef d’orchestre ?

Nous sommes de plus en plus nombreux au bureau. Sur ce type d’évènement, nous intégrons de nouvelles équipes au fur et à mesure. Notre rôle principal est de s’assurer que tous les services (l’organisation des compétitions, les médias, la sécurité…) travaillent ensemble et surtout informent des impacts que peuvent avoir sur les autres une décision qui est prise sur la compétition ou sur la sécurité par exemple. Nous avons aussi de très nombreux partenaires : 28 partenaires français, World Rugby, trois collectivités (dont la MEL…), des associations (dont Hello Lille…), la Préfecture… Notre principal défi ? Faire en sorte que toutes ces parties prenantes aient le même objectif. Au quotidien, nos interlocuteurs sont tous très différents. Ils n’ont pas tous les mêmes sujets. On peut passer de la sécurité au J-100.

En chiffres 

  • 5 matchs, 8 équipes
  • 250 000 visiteurs accueillis sur le territoire dont 100 000 spectateurs étrangers.
  • 56 apprentis Campus 2023 mobilisés pour l’événement dans la métropole.

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