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Culture
Le 30/01/2023

Le LaM souffle ses 40 bougies

L’équipe de la revue MEL a rencontré Sébastien Delot, directeur-conservateur du LaM, à l’occasion des 40 ans du musée.

« Nous invitons chacun à venir regarder, partager ».

Un anniversaire signifie regarder derrière et devant soi, pourriez-vous revenir sur une forme de bilan ? 
Le retour sur les quarante premières années du musée va se traduire de différentes manières. Et notamment via un réaccrochage des œuvres. Une salle sera notamment consacrée à l’histoire du musée et mettra en valeur les grandes acquisitions réalisées tout au long des quatre décennies, avec le soutien de la Métropole. Cette salle racontera en quelque sorte l’évolution du MaM au LaM, du musée d’art moderne au musée métropolitain. La présentation des œuvres se fera de manière chronologique. Ce choix permettra de relire l’histoire du musée, de replacer l’art moderne et l’art brut dans un contexte, et de ne pas isoler les formes d’art. Une salle dédiée aux archives embrassera 40 ans de cette histoire. La rétrospective proposera aussi des focus, notamment sur le portrait et des surprises…  

Quelles sont les valeurs qui accompagnent l’anniversaire ? Celles qui ont guidé vos choix ?
Nous restons dans la ligne qui est la nôtre, guidés par le souhait de proposer un regard neuf, soit en mettant en valeur des artistes relativement méconnus, malgré leur immense œuvre, comme William Kentridge. Soit en proposant un regard différent sur le travail d’artistes déjà exposés et connus, comme nous avons pu le faire avec l’exposition Paul Klee. Notre volonté est aussi de proposer une ouverture sur le monde, avec des artistes de tous horizons, de faire entendre des voix qui ne sont pas toujours entendues. De faire un pas de côté. La collection d’art brut apporte cette touche d’excentricité et nous invite sagement à bousculer les regards. Et à procurer de l’émotion et la curiosité. Pour revenir à la programmation de l’anniversaire, l’expo-événement Isamu Noguchi (du 15 mars au 2 juillet) sera la première rétrospective de cet artiste en Europe (tout comme l’était celle consacrée à William Kentridge). Elle retracera l’œuvre d’un artiste qui expérimente dans de nombreux domaines : la sculpture, la céramique, l’architecture ou encore le design.

Pouvez-vous revenir sur quelques autres temps forts qui vont s’égrener cette année ?
Pour fêter les 40 ans, un certain nombre d’artistes seront les invités du musée. Wael Shawky, l’un des plus célèbres artistes du Moyen-Orient présentera son film, I am Hymns of the New Temples, tourné à Pompéi, dès le 10 mars. À l’automne, Anselm Kiefer, grand plasticien allemand, internationalement reconnu pour son travail sur la mémoire européenne, présentera des œuvres témoignant de sa pratique photographique. Le franco-algérien Mohamed Bourouissa, artiste majeur de sa génération, interviendra via une exposition qui creuse les thématiques du contrôle et de l’enfermement. 

Comment associer le grand public à la fête ?
Nous invitons tout simplement chacun à venir regarder, partager. Nous travaillons en permanence à faire du musée un lieu de vie, un lieu qui propose de partager sur des questions de société qui émergent et que nous expérimentons tous. Et à trouver un équilibre entre l’émotion et la découverte intellectuelle lors d’une visite. Nous estimons avoir « réussi » lorsqu’un visiteur a ressenti quelque chose et qu’il a envie de partager, d’échanger sur son expérience. Il n’y a pas de snobisme, pas de nécessité à avoir forcément beaucoup de connaissances, simplement une certaine ouverture d’esprit. Notre volonté est de partager, en générosité avec le public, de faire en sorte qu’il s’approprie le musée comme un lieu de dialogue, qui participe au ciment culturel qui nous lie les uns aux autres, dans un climat de tolérance et de solidarité dont nous avons tous besoin. 

Comment voyez-vous les prochaines années ? 
Notre objectif est que le musée reste un lieu dans lequel on se sente accueilli, un lieu qui est à la fois ouvert sur le monde et où on se sente bien, en sécurité. Nous sommes là pour procurer de l’émotion. On peut parfois aimer sans comprendre. J’aime à rappeler cette anecdote. Picasso aurait répondu à une dame qui ne comprenait pas son art et trouvait que c’était du chinois : « Une langue étrangère, ça s’apprend ». C’est intéressant, l’art c’est comme une langue étrangère, il y a des idées, une grammaire, des formes et des couleurs, et quand on a certaines clefs, on peut prendre un certain plaisir. C’est un équilibre entre la connaissance et la dimension émotionnelle que nous nous efforçons de faire émerger. Au-delà de cela, le musée est aussi un lieu de vie, en phase avec les enjeux de société qui nous interpellent, et notamment écologiques. Nous menons des réflexions et actions en matière de scénographie, de tri, de consommation énergétique, de circulations des œuvres. Nous essayons, dans le cadre de cette crise, de prendre la pleine mesure du sujet et les décisions les plus adéquates pour éviter un choc climatique. Une personne de l’équipe est dédiée à ces enjeux. Nous introduisons ces réflexions qui nous amènent à revoir notre pratique à tous les niveaux. 

Qu’apporte au musée son lien avec la Métropole ?
Cette collaboration est très forte depuis le début de cette aventure. Une aventure ambitieuse, puisque le musée fait partie de ces équipements de la décentralisation : un des grands musées en région, avec un nouveau bâtiment. C’était à l’époque un geste politique fort d’amener ce musée, ce vaisseau amiral de la culture sur ce territoire. La Communauté urbaine devenue la Métropole a toujours défendu le musée, avec cette vision bien spécifique de l’art et de la culture. Il faut souligner cet engagement, propre au territoire, à insister sur l’importance de l’art comme liant et comme ciment culturel. Cette vision allant bien au-delà des musées, intégrant toutes les formes d’art que sont la danse, le théâtre, la musique et créant un maillage sur tout le territoire. Le LaM connaît l’engagement de la MEL et de son président, Damien Castelain. La Métropole soutient les expositions du musée, mais plus largement son projet, qui vise à guider le public de demain, à faire en sorte que le musée soit une fierté pour les Métropolitains, à les encourager à se l’approprier. La Mel soutient le projet qui vise à impliquer encore plus le public pour que le musée soit partie prenante de leur vie. « Ce n’est pas la culture qui coûte cher, c’est le manque » a dit Ivan Renar, ancien Sénateur du Nord. Le LaM, en tant qu’équipement métropolitain, est fier d’appartenir à cet écosystème qui permet au territoire de rayonner à l’international : les circulations des œuvres à l’étranger et les nombreuses collaborations avec des musées en Europe et dans le monde en témoignent. Dans le même temps, il garde une vocation humaine et sociale fondamentale, que ce soit vis-à-vis des personnes en situation de handicap, dont l’inclusion est également largement portée politiquement par la Métropole. Les actions menées permettent des résultats importants. Le LaM a aussi poursuivi pendant la pandémie ses actions dans les hôpitaux, les maisons de retraite, pour que le musée reste fidèle à sa vocation : être un lieu de générosité et d’engagement.

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